Soutenance de thèse: Salma ITSMAIL (15 DECEMBRE 2022)
Centre: UMR LISA
Projet: ICPP
Thèse présentée sous le régime de la cotutelle entre l'Université de Corse en Discipline et mention : Sciences de l'Education et de la Formaion et l'Université Cadi Ayyad de Marrakech, Maroc en discipline: Médiation Culturelle et mention: Culture, Patrimoine, Tourisme
Titre de la thèse: L'éducation au patrimoine: cas de la réserve de la biosphère de l'arganeraie
Résumé vulgarisé:
Depuis la fin du XIXe siècle, la « forme scolaire » a vu plusieurs phases d’évaluations dont l’introduction de l’enseignement des valeurs. Aujourd’hui, la prise en compte des valeurs au sein de l’institution scolaire est un objectif posé avec force. Former à la citoyenneté, faire naître un sentiment d’appartenance chez les élèves, éduquer au patrimoine etc… autant de missions que l’école se voit nouvellement approprier.
Notre thèse s’intéresse particulièrement à l’éducation au patrimoine et à sa capacité de jouer en faveur de la conservation du patrimoine. L’objectif serait de comprendre comment l’éducation au patrimoine dans un cadre scolaire pourrait inculquer aux générations futures le désir de protéger, de conserver et de transmettre le patrimoine.
Étant la première zone au Maroc à être labélisée « réserve de la biosphère », la région de Souss-Massa a sollicité notre curiosité. Nous avons donc choisi la RBA comme terrain de recherche pour le lancement de nos deux projets d’étude. Pour commencer, nous nous sommes déplacés sur le terrain afin de détecter le potentiel éducatif de la réserve de la biosphère de l’arganeraie. Ne pouvant pas analyser une zone de 2,5 millions d’hectares, nous nous sommes principalement basés sur le zonage de la RBA qui se retrouve sur le territoire de la région Souss-Massa. Ainsi, nous avons commencé par la construction d’un inventaire de patrimoine planté sur la réserve de la biosphère de l’arganeraie avant d’analyser le potentiel éducatif de la zone.
Sur notre terrain de recherche, « l’argan, pratique et savoir-faire lie?s a? l’arganier » est inscrit depuis 2014 sur la liste repre?sentative du patrimoine culturel immate?riel de l’humanite? (Direction du patrimoine culturel, Maroc, 2014). Les femmes de la re?gion utilisent des me?thodes traditionnelles pour extraire l’huile d’argan du fruit de l’arganier. La transmission de ce savoir se fait entre me?re et fille. Cependant, durant notre visite du terrain, nous avons constaté une perte progressive du savoir-faire lie? a? l’arganier. En effet, les coope?ratives d’extraction de l’huile sur la réserve de la biosphère de l’arganeraie utilisent des machines spe?cialise?es qui prennent la place des arganie?res. Malheureusement, les femmes de la re?gion ne font que le concassage dans tout le processus de production de l’huile d’argan. Ces constatations nous ame?nent a? une re?flexion plus large, qui est la suivante : « La me?canisation de la production causera-t-elle la perte du patrimoine immate?riel ? ».
A? partir du 19e sie?cle, la re?volution industrielle est apparue avec la me?canisation des processus de production. Cependant, « cette formalisation des proce?de?s constitue une attaque frontale en direction des savoir-faire sous-jacents » (Deforge, 1991). Cette formalisation a de?nature? les pratiques et le savoir-faire qui appartiennent a? des artisans et des compagnons he?rite?s d’une ge?ne?ration a? une autre.
Il est certes vrai qu’une me?canisation permet une ame?lioration de productivite? qui touche directement l’e?conomie de la re?gion. Alors, serait-il juste d’exclure la re?gion du de?veloppement sous le nom de la conservation du patrimoine immate?riel ?
La présente recherche se base sur deux projets lancés par un établissement scolaire en faveur de ses élèves et proposé pour d’autres écoles marocaines. « Mon Maroc, Mon Patrimoine » et « l’arbre d’argan, une culture a? de?couvrir » ont pour but de mettre les élèves en lien direct avec leur patrimoine, que ce soit matériel et/ou immatériel afin d’analyser l’intérêt exprimé par les élèves au regard de la conservation du patrimoine.
Cette thèse nous a permis de proposer une recherche empirique de l’éducation au patrimoine dans la réserve de la biosphère arganeraie, en analysant le lien existant entre l’éducation et la conservation du patrimoine. La problématique centrale de notre recherche repose d’abord, sur la compréhension de la réaction de dénigration de nos élèves envers leur patrimoine.
Ainsi, nos travaux ont permis de répondre à cette problématique et aux hypothèses qui en découlent. Il s’agissait de mettre en évidence un rapprochement entre les objectifs du système scolaire et la conservation du patrimoine. En effet, une durabilité du patrimoine et sa transmission aux générations futures représentent, d’une part, des garanties en matière de construction d’identité chez un groupe d’individus. D’autre part, un patrimoine protégé de manière efficace assure des conditions convenables de vie pour les générations qui suivent. Le fondement théorique et historique de la conservation du patrimoine démontre clairement que tout acte de protection du patrimoine regorge d’avantages et d’inconvénients, à la fois. Quoi qu’il en soit et jusqu’à ce jour, le modèle des aires protégées est le plus utilisé particulièrement dans le contexte de conservation de patrimoine, à risque de dégradation. Néanmoins, nous jugeons qu’il est possible d’aller encore plus loin par le biais de la participation des individus à la stratégie de conservation du patrimoine. Ainsi, par le biais de cette thèse, nous pouvons avancer que l’éducation peut être aussi un moyen efficace qui peut occuper une place prépondérante dans le projet de conservation du patrimoine.
La soutenance aura lieu le jeudi 15 décembre à 14H à l'Université Cadi Ayyad de Marrakech, Maroc
En savoir plus: Résumé scientifique
Jeudi 15 décembre 2022 à 14h00