Soutenance de thèse: Claire MONCERET (8 DECEMBRE 2021)

Centre: UMR LISA

Projet: ICPP

Discipline: Langue et Littérature Françaises - Mention: Littératures Comparées

Titre de la thèse: Mémoire et Conscience dans Eureka d'Edgar Allan Poe: entre mythe et science

Résumé vulgarisé:

Dans la littérature mythique, il y a une sagesse ancienne que l’on propose d’interpréter pour bénéficier de sa véridicité, et qui peut éclairer l’époque postmoderne et les nouveaux enjeux qu’elle pose à l’Homme. Edgar Allan Poe, poète héritier de la tradition mythographique, réalise en 1848, une œuvre de « science poétique » intitulée Eurêka, un très singulier composé de poésie et de logique, sorte d’expérience hybride mariant l’enquête scientifique, l’intuition paranormale et l’imagination poétique, qui « s’impose pour tâche de parler de l’Univers Physique, Métaphysique et Mathématique – Matériel et Spirituel : - de son Essence, de son Origine, de sa Création, de sa Condition présente et de sa Destinée ». Mêlant la fable des commencements à l’histoire de l’évolution de la pensée (Aristote, Bacon) et des sciences (Newton, Laplace) et reliant les connaissances astronomiques, mathématiques, physiques, à l’intuition d’une Réalité sous-jacente, les hypothèses formulées par Poe sont une « extraordinaire » synthèse de toutes les disciplines. La théorie sur l’Univers qu’il présente dans Eurêka reconnaît une connexion fondamentale entre l’être et le Monde et l’existence de vérités indémontrables par une logique ordinaire, évoquant aussi bien les champs physiques que les théorèmes mathématiques de Gödel. Réalisant les conditions de la cohérence universelle, qu’il nomme « Consistency », il lui assigne la double fonction de décrire à la fois le moyen de connaitre Tout et le Tout lui-même.

Les expériences cognitives les plus récentes font apparaître que les conceptions poétiques de Poe rejoignent les questions émergentes des sciences actuelles concernant l’implication de la mémoire et de la conscience dans la fabrique du réel. La démarche comparative et transdisciplinaire de la thèse permet d’explorer avec Poe les pouvoirs de la mémoire et de la conscience. Un réseau d’analogies serait aussi selon Poe le « dessein final » qui anime l’Univers, « celui de créer la plus grande somme de rapports possible ». Suivant cette méthode qui s’accorde aux habitudes de la Nature, la mémoire et la conscience sont reconnues comme étant intimement liées, et produisant par leur activité conjointe d’authentiques phénomènes qui échappent à une vision classique, mais qui néanmoins laissent des traces interprétables. Suivre l’intuition, à la manière de Poe, permet de générer des pistes de recherche qui ouvrent de nouvelles perspectives à condition d’être testables, et j’ai donc choisi de prolonger l’étude des textes par une approche expérimentale explorant d’autres modalités d’une reliance fondamentale entre les êtres et leur écosystème, proposant que les phénomènes psi soient interprétés comme « des vérités sous des beaux mensonges », et que les expériences intimes puissent être reconnues comme participant d’une idée plus complète du Monde. Cette thèse montre que les productions psychiques trouvent du sens dans une science de la réalité plus inclusive, qu’elles doivent être comprises comme des expériences de « science poétique » où le dire vrai ne relève pas de la fiabilité mais de l’efficacité. La pensée des poètes anciens et leur méthode de créer des fables pour interpréter le Monde et les êtres, réactualisée par la tradition mythographique qui en a réfracté les images et alliée aux connaissances et aux nouvelles conceptions scientifiques, peuvent nous aider à sortir des expériences subjectives anomales (télépathie, visions, etc.) de l’irrationnel et du pathologique et être reconnues comme de vraies opportunités d’évolution psychique. Ce sont des enjeux qui nous permettraient, par la reconnaissance de l’activité du couple Mémoire-Conscience à l’échelle individuelle et collective, de mieux vivre.

La soutenance aura lieu le mercedi 8 décmbre à 14h par système de visioconférence, excpetionnellement pour raisons impérieuses

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